Résumé
Cette étude examine les moteurs, les stratégies de gestion et les défis des conflits entre autochtones et
migrants dans la division de Fako, au Cameroun, une région marquée par des héritages coloniaux
historiques, des changements démographiques rapides et une complexité socio-politique. Adoptant une
méthodologie qualitative, la recherche s'appuie sur des entretiens semi-structurés avec dix-sept
participants sélectionnés de manière ciblée, y compris des leaders traditionnels, des fonctionnaires
gouvernementaux, des acteurs de la société civile et des membres de la communauté issus de milieux
autochtones et migrants. L'analyse thématique révèle que les disputes concernant la propriété foncière,
profondément liées à l'identité et au patrimoine culturel, sont la principale source de conflit, exacerbée
par des malentendus culturels, des manipulations politiques et des rivalités économiques. Les autorités
traditionnelles sont largement considérées comme les médiateurs les plus dignes de confiance, tandis
que les mécanismes juridiques formels et d'État sont souvent perçus comme lents, biaisés et manquant
de légitimité. Les organisations communautaires et les ONG contribuent positivement en particulier
dans l'éducation à la paix, mais leur impact est limité par des contraintes de ressources et un
engagement incohérent. Les principaux obstacles à une gestion efficace des conflits incluent des lois
ambiguës sur la tenure foncière, l'ingérence politique, l'affaiblissement des institutions traditionnelles
et l'exclusion des jeunes et des femmes des processus de paix. L'étude conclut qu'une paix durable dans
la Division de Fako nécessite une approche globale et multipartite qui intègre les systèmes traditionnels
et formels, renforce les mécanismes communautaires, réforme la gouvernance foncière et implique
activement les groupes marginalisés. Ces conclusions contribuent à une compréhension plus large des
conflits basés sur l'identité dans les sociétés africaines postcoloniales et informent les recommandations
politiques pour une consolidation de la paix inclusive et sensible au contexte.
